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Depuis quelques années, huit poursuites ont été intentées dans sept États américains contre des fabricants, des installateurs et des distributeurs de mousse de polyuréthane giclée. Les plaignants allèguent que cet isolant demeure toxique après son installation, présentant des risques — notamment d’asthme — pour la santé des occupants et forçant son enlèvement. Ce genre de problème, dû à des défauts d’installation plus fréquemment rencontrés dans le marché américain, serait extrêmement rare au Canada, où l’industrie est mieux encadrée depuis 1980, année où Santé Canada a interdit la vente de la tristement célèbre mousse isolante d’urée formaldéhyde (MIUF). Chose certaine, ce nouveau scandale rappelle l’importance de choisir un bon entrepreneur et de protéger les ouvriers ainsi que les consommateurs présents sur les chantiers — durant et au moins 24 heures après l’application de la mousse de polyuréthane. Explications.
Santé ruinée et maison vendue
Un récent article publié sur treehugger.org, remettant en question la sécurité de cet isolant, raconte l’histoire d’un couple de Texans qui a dû fuir et vendre sa nouvelle maison. Ils étaient trop incommodés par les vapeurs émises par l’isolant de mousse de polyuréthane pulvérisée (giclée) à cellules ouvertes SEALECTION 500, fabriqué par Demilec USA, division du fabricant québécois Demilec. Comme l’affaire est en cour, l’entreprise affirme être dans l’impossibilité de pouvoir la commenter. L’isolant avait été giclé dans tous les murs et la toiture de leur résidence, sise à Austin. Précisons qu’il s’agit d’un isolant de faible densité, rarement installé au Canada où l’isolant de haute densité est plus populaire. Le copropriétaire de la maison a été particulièrement incommodé, car il était présent durant l’application du produit. Ni l’installateur ni son architecte ne l’avaient avisé qu’il faut alors porter un masque à pression positive (alimenté en oxygène) ou à cartouche de charbon activé pour se protéger des vapeurs émises par la réaction chimique des deux liquides (isocyanate et résine polyuréthane ou « polyol ») qui sont normalement mélangés à parts égales dans la chambre du pistolet de pulvérisation. La combinaison des deux composants provoque une réaction chimique qui dégage de la chaleur accélérant l’expansion de la mousse.
Le port d’un masque est recommandé depuis des décennies car cette réaction émet aussi notamment des vapeurs de diisocyanate de méthylène bisphényle (MDI), substance reconnue comme déclencheur d’asthme chez les travailleurs exposés à de faibles doses répétées. Puissant irritant des voies respiratoires et digestives ainsi que des yeux, le MDI peut aussi rendre hypersensible aux produits chimiques et sujet à des crises d’asthme aiguës lors des expositions subséquentes. En février 2011, l’Union européenne a classé le 4,4’-diaminodiphénylméthane (MDA), formé par l’hydrolyse du MDI, parmi six substances chimiques jugées « extrêmement préoccupantes » et qui pourraient y être interdites d’ici cinq ans. Le copropriétaire texan a justement souffert de problèmes respiratoires, de congestion des sinus, d’irritation de la gorge et de larmoiement des yeux, symptômes qui se manifestaient chaque fois qu’il visitait son chantier. Bien qu’il soit sensé devenir inerte le jour même où il est giclé, l’isolant dégageait encore une forte odeur le lendemain, alors que sa femme visita le chantier. « Dès que je suis entrée dans la maison, l’odeur était écrasante; ma gorge s’est enrouée et j’ai ressenti de la douleur du côté gauche de ma poitrine, a déclaré Keri Rimel à TreeHugger.org. Cela se produisait chaque fois que je visitais le chantier. » Des tests de laboratoire ont révélé que le matériau émettait divers produits chimiques, dont du formaldéhyde. Le couple a fait arracher tout l’isolant de la maison, mais les odeurs et les symptômes persistaient. Devenus hypersensibles aux produits chimiques, ils ont dû déménager.
Contexte
Souvent appelé uréthane, le polyuréthane giclé est commercialisé au Canada depuis 1970, bien avant la mousse isolante d’urée formaldéhyde (MIUF) qui fut interdite par Santé Canada en 1980 à cause d’installations déficientes qui émettaient beaucoup de gaz formaldéhyde irritant et cancérogène dans les maisons. Le polyuréthane giclé est de plus en plus populaire car c’est l’isolant affichant la résistance thermique la plus élevée (R-6) par pouce d’épaisseur. Cette mousse permet, en une seule opération, d’imperméabiliser, de sceller — notamment contre l’infiltration de radon cancérogène — et d’isoler les immeubles.
Du début 2010 au début 2012, les ventes de polyuréthane giclé ont augmenté de 29 % en Amérique du nord, selon les fabricants. Selon Transparency Market Research, cette industrie devrait croître de 13 % par année, ses revenus mondiaux passant de 800 millions $ en 2013 à 1,1 milliard $ en 2015. Cet isolant représente à peine 4 % du marché de l’isolation, contre 43 % pour la fibre de verre, plus abordable mais beaucoup moins performante. La demande croissante pour l’isolant de polyuréthane augmente par ailleurs le risque d’embaucher un applicateur inexpérimenté ou trop pressé.
Selon le site Law360.com, le comité judiciaire américain responsable des causes multi-régionales a refusé de regrouper les huit poursuites mentionnées ci-haut. C’est que les tribunaux devront tenir compte de trop de faits concernant la composition chimique de différents produits, de la formation et de la pratique de chaque installateur ainsi que des circonstances de l’installation qui, dans certaines conditions, peuvent rendre l’isolant instable. L’Association nord-américaine des manufacturiers d’isolation (NAIMA) reconnaît la nécessité de certifier les applicateurs de polyuréthane et d’éduquer le public sur le choix d’un entrepreneur, rapportait le blogue Construction Informer le 22 août dernier. La Spray Polyurethane Foam Alliance américaine vient de lancer un programme de certification en 2013 alors qu’au Canada les entrepreneurs sont certifiés depuis 1995 après avoir réussi quatre niveaux de formation obligatoires.
Selon Construction Informer, les installations de mousse giclée problématiques dégagent des odeurs de poisson pourri et de produits chimiques. Elles sont principalement dues à des erreurs d’installation et à l’inexpérience des entrepreneurs qui font le travail. « Les types d’erreurs qui peuvent se produire sont les suivantes : • Ne pas mélanger les ingrédients aux bonnes températures; • Appliquer une trop grande épaisseur de mousse; • Ne pas suffisamment ventiler le chantier; • Poser l’isolant dans des conditions humides; • Mélanger les composants inégalement. »
En avril 2011, l’Agence américaine de protection de l’environnement, l’EPA, a lancé un plan d’action visant à réduire le risque d’exposition aux produits chimiques émis par les mousses pulvérisées. Elle se préoccupe surtout des mousses isolantes appliquées en grande quantité par des bricoleurs — des bonbonnes vendues au détail permettent d’isoler jusqu’à 600 pi² [56 m²] de surface. Le site Web de l’EPA stipule : « Le potentiel de dégagement gazeux de produits chimiques volatils de la mousse de polyuréthane giclée n’est pas entièrement compris et est un domaine où plus de recherche est nécessaire. »
La pulvérisation du polyuréthane émet aussi des aldéhydes, des amines catalyseurs et d’autres composés organiques volatils (COV). « Nous connaissons peu de choses au sujet de la nature et des quantités des gaz émis par ces substances, le taux de séchage de la mousse ou comment les risques pour la santé peuvent varier selon les conditions environnementales et les conditions ou les rapports de mélanges durant le processus de pulvérisation, relate la publication américaine Environmental Building News (EBN). C’est pourquoi l’ASTM [American Society of Testing Materials] est à développer une nouvelle norme. » David Price, scientifique à la division de la qualité de l’air intérieur de l’EPA, a déclaré à EBN : « Je n’ai pas jusqu’ici vu de preuves qu’il existe un danger pour les occupants. » Toutefois, ce n’est que depuis 2011 que l’EPA a ordonné aux fabricants de divulguer les plaintes des consommateurs qui disent avoir subi des problèmes de santé après l’application de leur produit. Pour sa part, l’Institut national américain pour la santé et la sécurité du travail (NIOSH) vient de demander aux installateurs de lui permettre d’échantillonner l’air sur leurs chantiers pour faciliter les recherches en cours sur les produits chimiques émis par la mousse de polyuréthane pulvérisée. Le NIOSH veut mesurer les concentrations d’amines, de glycols et de phosphates afin de déterminer pendant combien de temps ils persistent dans l’air intérieur.
Les Canadiens seraient mieux protégés
Des drames comme celui relaté par Treehugger.org ne semblent pas être survenus au Canada. « Je n’ai pas entendu parler d’un tel problème dans la communauté de l’asthme », mentionne le Dr Rob Oliphant, président de la Asthma Society of Canada, organisme de recherche et d’éducation sur l’asthme basé à Toronto. À l’Association des des consommateurs pour la qualité dans la construction (ACQC), le porte-parole Guy Giasson n’a jamais entendu parlé d’un tel problème au Québec : « Nous n’avons reçu aucune communication de la part de consommateurs ou autres personnes au sujet de poursuites ou de plaintes au sujet de produits en polyuréthane. »
Pour sa part, Santé Canada n’a reçu qu’un seul rapport depuis 1986 au sujet de mousse isolante de polyuréthane ayant causé des blessures, nous informe sa porte-parole Sara Lauer. « En 1992, une personne a déclaré avoir eu des difficultés respiratoires après l’installation de matériaux isolants dans son sous-sol, mais on ignore si elle a reçu un traitement pour ce malaise. »
Les problèmes survenus aux États-Unis concernent diverses circonstances entourant des installations faites à la fois par des bricoleurs et des entrepreneurs en isolation, souligne l’Association canadienne des entrepreneurs en mousse de polyuréthane (CUFCA). Fondée en 1981, cette association industrielle indépendante dit qu’elle forme et encadre mieux les entrepreneurs qu’aux États-Unis, dont le marché est moins encadré, selon son directeur Andrew Cole. « Les cas survenus aux États-Unis étaient des problèmes d’application et d’applicateurs, dit-il. Bien que l’erreur soit humaine, au Canada, il est très rare que des consommateurs se plaignent des émissions chimiques d’un isolant de polyuréthane appliqué par un professionnel. Depuis 1995, le Code national du bâtiment canadien fait référence aux normes CAN/ULC-S705.1 et CAN/ULC-S705.2, concernant respectivement la qualité du produit et l’application des mousses de polyuréthane rigide pulvérisées de densité moyenne. Lorsque ces normes sont respectées, c’est l’un des produits les plus performants et durables pour l’enveloppe du bâtiment. Le respect de ces normes est aussi exigé par plusieurs compagnies d’assurance. Aux États-Unis, il n’y a aucune norme; c’est le libre marché, il a toujours été moins régi que le nôtre. Certains applicateurs sont mal encadrés. Chez nous, le consommateur est mieux protégé s’il fait affaire avec un applicateur formé et certifié par la CUFCA. »
La CUFCA est reconnue par le CNRC comme une tierce partie indépendante. Ses fabricants membres doivent absolument faire affaire avec des entrepreneurs qu’elle a certifiés. CUFCA dit documenter tous les travaux réalisés par ses membres, inspecter les chantiers en cas de plainte, tenter de régler tous les litiges et retourner les entrepreneurs incompétents sur les bancs d’école, lorsque nécessaire. « Si désiré, le consommateur peut contacter la CUFCA pour faire enregistrer les travaux par notre programme d’assurance de la qualité qui inspecte les chantiers aléatoirement et sans préavis, explique M. Cole. En tout temps, il est aussi possible de demander à la CUFCA ou au manufacturier de faire inspecter son chantier. »
Étude indépendante
Le protocole d’évaluation CAN/ULC S774, publié par les assureurs du Canada ULC S774, permet de mesurer en laboratoire les composés organiques volatils (COV) émis par la mousse de polyuréthane 24 heures après son application. Ce test est requis pour obtenir la certification GREENGUARD. Selon le NIOSH, la consigne d’attendre 24 heures avant de réintégrer une maison isolée n’aurait selon l’organisme aucun fondement scientifique. Pourtant, des mesures indépendantes effectuées par le Saskatchewan Research Council ont confirmé que 24 heures après la pose du SEALECTION 500 dans une maison bien ventilée, le taux de COV « se situait en-deçà du seuil de détection », selon le rapport d’évaluation de ce produit publié par le Centre canadien de matériaux de construction (CCMC) du Conseil national de recherches du Canada (CNRC). « Dans les cas de réhabilitation, précise le rapport, la zone des travaux doit être isolée puis soumise à une pression négative au moyen d’un taux d’exfiltration de 0,3 renouvellement par heure pendant au moins un (1) jour. Selon une étude toxicologique indépendante, la ventilation spécifiée doit être en fonction pendant un (1) jour avant que les suites nouvellement isolées ne puissent être occupées. »
Aux États-Unis, certains fabricants estiment qu’on peut habiter une maison aussi peu que sept heures après la pose de cet isolant, alors que d’autres recommandent d’attendre jusqu’à trois jours. Il faut savoir qu’il existe des centaines de types de mousses de polyuréthane pulvérisées conçues pour autant d’applications. Dans leur climat plus chaud que le nôtre, les Américains installent presque toujours une mousse de faible densité (0,5 lb/pi3 [8 kg/m3]), comme le SEALECTION 500. Ce produit gonflé à l’eau est moyennement isolant (R-3,7 au pouce) et il demeure semi-flexible après avoir séché. Au Canada, le consommateur opte presque toujours pour la mousse de densité moyenne (2 lb/pi3 [32 kg/m3]), qui est plus isolante (R-6 au pouce), gonflée à l’hydrurofluorurocarbone (HFC-245fa) et se durcit instantanément. En juin 2013, le comité de l’environnement du Parlement européen a recommandé l’interdiction d’utiliser le HFC dans les systèmes de réfrigération et de climatisation, car il s’agit d’un puissant gaz à effet de serre contribuant aux changements climatiques. Le polyuréthane contient aussi un agent ignifuge à base de phosphate chloré soupçonné de causer le cancer ainsi que des problèmes reproducteurs et de développement.
Selon la CUFCA, les émissions des deux types de mousses de polyuréthane sont minimes et similaires. Demilec fabrique l’isolant à cellules fermées AIRMÉTIC SOYA, produit évalué par le CCMC depuis 1992 et dont 11,5 % du polyuréthane a été remplacé par du plastique recyclé (7,5 %) et de l’huile de soja (4 %). Ce produit est certifié GREENGUARD OR, anciennement Enfants et écoles GREENGUARD pour la qualité de l’air dans les bâtiments, assurant que le produit est sécuritaire. Ses émissions de COV sont testées tous les trois mois par les Laboratoires des assureurs (UL), organisme de certification et d’inspection indépendant qui est désormais responsable du programme GREENGUARD.
Le géant allemand BASF compte parmi les autres fabricants de mousses de polyuréthane giclées à cellules ouvertes (ENERTITE, de couleur bleu pâle) ou fermées (WALLTITE Eco, qui est mauve) vendues au Canada. Ce dernier produit est également certifié GREENGUARD OR pour la qualité de l’air dans les bâtiments ainsi que par le programme EcoLogo d’Environnement Canada.
Par ailleurs, le fabricant ontarien Icynene fut le pionnier canadien de la mousse de faible densité. Son Système d’Isolation Icynene a été certifié Envirodesic en tant que produit recommandé là où une qualité de l’air intérieur maximale est requise. Le programme Envirodesic a été fondé par l’ingénieur Bruce Small, qui en 1978 fut le pionnier canadien de la construction pour personnes hypersensibles aux produits chimiques.
Émissions variables
La rapidité du séchage du produit et ses émissions chimiques dépendent de plusieurs facteurs : le type de produit, son épaisseur, l’humidité, la température ambiante et celle du produit, la technique de pose et la propreté des équipements de pulvérisation. « La mousse n’atteindra généralement pas sa résistance maximale avant 24 ou 48 heures additionnelles, selon les directives d’application du produit WALLTITE Eco. Plus la température est basse, plus long sera le temps de séchage. » Les deux composants doivent être préchauffés pour obtenir la bonne viscosité et l’application doit idéalement se faire lorsque la température ambiante et du substrat recevant la mousse est autour de 21 °C (70 °F) et que l’humidité relative est en deçà de 80 %. À moins de 10 °C (50 °F), il est préférable de gicler des couches de moins de 2 po (5 cm) d’épaisseur pour maximiser l’adhérence et réduire le risque de rétrécissement, de fissuration et de détachement de la mousse, et parfois même d’utiliser une mousse conçue pour les températures plus basses. Certains isolants, comme l’AIRMETIC SOYA, peuvent être appliqués jusqu’à -10 °C (14 °F), en autant que la surface réceptrice soit solide et sèche.
Un cas canadien
Bien qu’ils ne rendent pas nécessairement les gens malades, les problèmes de pose d’uréthane ne sont pas si rares au Canada, selon l’ingénieur Jim White, ancien conseiller principal, Science du bâtiment, à la Société canadienne d’hypothèques et de logement. Cela s’est même produit chez lui en 2010, alors qu’un entrepreneur a giclé cinq pouces de polyuréthane en plusieurs minces couches dans un mur de sa résidence d’Ottawa.
« J’ai laissé l’isolant exposé pour voir comment il se comportait et après quelques semaines, une large fissure s’est produite, dit-il. La mousse s’est détachée des surfaces, exposant de la mousse de densité inhabituellement basse et réduisant la capacité de l’isolant d’agir comme un pare-air efficace. De plus, à plusieurs endroits, des bulles ont éclaté à l’intérieur de l’isolant. Il y avait donc un canal où la mousse n’avait pas complètement réagi, augmentant la possibilité que les gaz résiduels s’infiltrent dans l’air intérieur. Dans une bonne installation, la surface de l’isolant doit être dure et lisse (glacée). » L’entrepreneur a dû revenir chez lui par deux fois car la première réparation a également fissuré. « J’ai l’impression que sa tuyauterie était encrassée et que le mélange des deux composants était inégal à cause d’un problème de pression. C’est dommage, car j’ai souvent référé cet entrepreneur à des personnes qui sont hypersensibles aux produits chimiques ou aux moisissures car le polyuréthane forme un très bon pare-air et son odeur est disparaît complètement en quelques jours », dit l’ancien directeur du Groupe de travail canadien sur les émissions des matériaux qui en 1981 initia les études de la SCHL cherchant à comprendre pourquoi certaines maisons rendaient certaines personnes malades.
Au sujet du polyuréthane, White affirme : « Il y a toujours eu des problèmes d’application. Il semblerait que la formation et la supervision requises pour une bonne application du produit soient souvent inadéquates. » Heureusement, le problème survenu chez lui ne lui a pas occasionné de symptômes. Il ajoute que le polyuréthane peut émettre des COSV (composés organiques semi-volatils), substances huileuses qui peuvent poser problème si l’isolant est broyé en une fine poussière, ce qui est rare dans les maisons. « Les huiles collent aux surfaces et les particules fines ont une très grande surface par rapport à leur poids. Cela peut être une source importante d’exposition humaine aux COSV. » Jim White conclut que les fabricants devraient resserrer la formation et la supervision des entrepreneurs, en plus de contrôler scrupuleusement la qualité des ingrédients qui composent leurs produits.
Un marché emballé
Chose certaine, avec la popularité croissante du polyuréthane, les plaintes pour des installations bâclées semblent augmenter, du moins chez nos voisins du sud. « Le marché s’est emballé, car il est en pleine croissance. Des fois, les applicateurs tirent sur l’élastique, et ne respectent pas les règles de l’art, admet Andrew Cole de la CUFCA. On peut acheter de l’uréthane sur le Web, même de la Chine, et louer une machine pour le poser soi-même. Ici, on s’arrache les cheveux quand on voit ça. Mais le plus inquiétant, ce sont les fabricants américains non membres de notre association : certains sont moins rigoureux en matière de formation et de soutien technique et ils vendent leur produit à n’importe quel entrepreneur. »
Il est clair qu’un applicateur mal encadré peut facilement bafouer les règles de l’art. « Une des causes des problèmes, explique M. Cole, ce sont les applicateurs qui passent d’un produit à un autre sans vider leurs tuyaux — il faut alors jeter l’équivalent d’environ cinq chaudières de résine. Le mélange de produits incompatibles rend le produit instable; il ne possède alors plus les caractéristiques indiquées sur sa fiche technique. L’idéal est d’utiliser des machines différentes pour éviter de contaminer les liquides. » Mais le directeur de la CUFCA ajoute du même souffle que l’uréthane est un des seuls produits de construction — et le seul isolant — testés pour ses émissions de COV. « Les propriétaires devraient toujours demander la carte d’accréditation CUFCA de l’applicateur, son nombre d’années d’expérience, la fiche technique du produit installé et le numéro du lot de fabrication. Si jamais il y a une plainte, c’est alors plus facile de retrouver le fabricant. C’est important, car au Canada il y a par exemple trois mousses de polyuréthanes de couleur verte. »
Pour conclure, Andrew Cole rappelle que malgré les milliers d’applications annuelles de cet isolant au Canada, les installations déficientes sont très rares. « Une déficience peut être causée par des conditions particulières de chantier ou différents facteurs réunis. Dans un tel cas le manufacturier et la tierce partie indépendante qu’est la CUFCA enquêtent pour identifier la source des déficiences et recommander les solutions à apporter. »
Source: https://maisonsaine.ca/construction-verte/enveloppe-du-batiment/isolant-de-polyurethane-les-dangers-dune-installation-baclee.html
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